Laissons une chance aux éoliennes offshore

Meli BEAL
Blog de SPEAR
Published in
4 min readAug 25, 2017

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Le 28 juillet, la Cour administrative d’appel de Nantes rejetait les recours déposés par des associations contre le projet de parc éolien au large de Saint-Nazaire. Situé à 12 kilomètres des côtes, il comportera 80 éoliennes réparties sur 78km² pour une puissance totale de 480 mégawatts, pour fournir l’équivalent de la consommation électrique de 720 000 personnes. L’occasion de faire un point sur l’état de la filière éolienne en France.

L’éolien en mer : le retard de la France

Il s’agit du premier parc éolien en mer à voir le jour en France, et il faut admettre que nous sommes très en retard. La puissance éolienne totale en France représente seulement 4,1% de l’électricité consommée (1241Mw) : on est donc loin des objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement (25 000 Mw, dont 6000 Mw d’éoliennes offshore pour 2020).

Un retard qui s’explique notamment par un cadre réglementaire stricte et parfois contradictoire, mais aussi et surtout par les recours quasi systématiques déposés en justice par les anti-éolien. Pour nombre de projets, c’est l’impact direct des parcs éoliens sur l’environnement qui est mis en cause, et en particulier celui de l’éolien marin.

L’éolien marin est-il dangereux pour l’environnement ?

Et pourtant, l’éolienne s’est imposée, depuis quelques années, comme le symbole de la transition énergétique en faveur des énergies renouvelables : sa source d’énergie est infinie, durable et propre (aucun rejet de CO2, si l’on exclut — pour l’instant — sa fabrication et son installation) et une fois démontée, une éolienne est presque entièrement recyclable. Mais alors, pourquoi certains écologistes seraient-ils anti-éolien ?

Ce qu’ils ont critiqué, dans le cas du projet offshore de Saint-Nazaire, c’est le manque d’étude sur l’impact que peut occasionner le parc éolien sur les fonds marins et les activités humaines qui en dépendent, comme la pêche. Le banc de Guérande possède une biodiversité importante (goélands, coquillages, crustacés) et de nombreuses espèces viennent se reproduire dans ses eaux. Mais il est difficile de savoir à quel point il serait menacé, surtout quand, à l’inverse des conclusions des associations de protection de l’environnement, les rapports officiels promettent « une augmentation considérable de biomasse et de biodiversité », mais aussi des « mesures compensatoires » (ce qui semble assez contradictoire)…

Le socle d’une éolienne “posée”

Une technologie balbutiante, mais prometteuse

De plus, tandis que Saint-Nazaire a catalysé les critiques, une autre technologie est sur le point d’être testée : il s’agit de l’éolienne flottante (par opposition aux éoliennes « posées », fixées dans le fond marin par un socle de béton). La première sera mise en service à la fin de l’année pour une période test de 2 ans, au large du Croisic (Loire-Atlantique). En France, contrairement à nos voisins européens du nord, il se trouve que les zones où peuvent être « posées » les éoliennes en mer, c’est à dire où la profondeur est maximum de 30m, sont très proches des côtes. Leur cousine, l’éolienne flottante, est nettement plus avantageuse : convenant à des fonds profonds de 50 à 200m (donc plus loin des côtes), elle est aussi plus légère, plus facile à déconnecter et remorquer pour maintenance. Cela signifie aussi qu’elle ne laissera aucune trace une fois enlevée, contrairement à l’éolienne posée dont le socle restera au fond de l’eau. Elle est donc plus économique, plus respectueuse de l’environnement, et plus efficace puisque les vents sont plus forts au large.

Cependant, des progrès doivent encore être faits pour rendre les éoliennes plus performantes, et notamment en matière de stockage de l’énergie. En Californie par exemple, on estime qu’un tiers de la production des éoliennes est perdue alors qu’elle aurait pu être stockée. Tesla est sur le coup, mais également Google, qui réfléchit à une solution plus durable mêlant le sel et l’antigel.

Rappelons enfin aux derniers sceptiques que, lorsque la première locomotive à vapeur a été construite en 1804, son ancêtre tirée par des chevaux de trait avançait plus vite. Aujourd’hui, on n’imaginerait pas le meilleur cheval de course rattraper un TGV ! L’éolienne représente déjà une belle alternative au tout nucléaire ou aux énergies fossiles, malgré ses faiblesses. A terme, et cela semble indiscutable, augmenter son poids dans le mix énergétique sera toujours plus bénéfique que de ne pas le faire.

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