Forum Convergences 2017 : Construire ensemble le monde de demain

Meli BEAL
Blog de SPEAR
Published in
4 min readSep 13, 2017

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Les 4 et 5 septembre, SPEAR a assisté au Forum Convergences, qui réunissait pour sa 10ème édition de nombreux acteurs très différents afin de réfléchir ensemble aux solutions aux défis sociaux, environnementaux et économiques de notre époque. Au programme de ces deux jours : workshops, tables rondes, débats mais aussi un salon professionnel (le “Village 3Zéros”) pour échanger autour du thème « Ensemble, innovons pour un monde Zéro exclusion, Zéro Carbone, Zéro Pauvreté ». En toile de fonds de ce Forum, les Objectifs de Développement Durable (ODD) que les Nations Unies ont adoptés en 2015 afin de lutter contre la pauvreté et préserver la planète et ses écosystèmes. Plus particulièrement, c’est autour de 6 ODD (n° 5, 6, 7, 9, 12 et 17) que se sont centrées les différentes conférences et tables rondes : égalité entre les sexes, eau propre et assainissement, énergie propre et d’un coût abordable, industrie, innovation et infrastructure, consommation et production responsable, et enfin partenariats pour la réalisation des objectifs.

C’est ce dernier ODD qu’illustre le mieux le Forum Convergences. En réunissant des acteurs très divers (grandes entreprises, start-up, associations et ONG, citoyens…) autour de ces thématiques cruciales pour l’avenir de la planète, le Forum agit pour diffuser les solutions innovantes et favoriser les alliances décisives dans tous les domaines pertinents : Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), développement durable, finance solidaire, économie sociale et solidaire, technologies innovantes pour le développement. Et ce, paradoxalement, dans le même lieu qui accueillait il y a plusieurs décennies la Bourse de Paris, dont le forum Convergences semble être l’antithèse.

Les thèmes abordés étaient variés, mais nullement cloisonnés. Agriculture, santé des femmes, innovation digitale, microfinance et investissement socialement responsable (ISR), accès à l’eau, transports, intrapreneuriat, économie circulaire… se rassemblent sous un même objectif : un monde plus juste, qui mise sur la diversité de ses écosystèmes, et dont les ressources sont exploitées de manière durable par et pour tous. Et la même idée est largement admise par tous les participants : les solutions sont là, elles existent bel et bien. Maintenant, comment les mettre en place à grande échelle, les répliquer là où elles sont nécessaires et les aider à remplacer les modèles qui ne marchent plus ?

Des partenariats multi-acteurs pour répondre aux enjeux

Ce forum marque un changement dans la manière dont les différents acteurs s’organisent pour le développement durable depuis quelques petites années. C’est ce qu’a montré la table ronde « coopération entreprises et acteurs solidaires », modérée par Charles-Benoît-Heidsieck, co-fondateur du Rameau. La relation entre les grandes entreprises et les acteurs de la solidarité ne peut plus se fonder uniquement sur du mécénat financier, comme l’a si bien dit Pascal Canfin (président du WWF), car celui-ci n’est plus à la hauteur des défis qu’il se propose de relever. Frédéric de Saint-Sernin (DG délégué de Acted) l’a reconnu : les associations ont besoin de l’appui des grands groupes pour augmenter leur notoriété et leurs moyens ; et réciproquement, les grands groupes qui veulent (et doivent !) augmenter leur niveau d’engagement ont besoin de l’expérience et des compétences des associations.

Pascal Canfin a ainsi plaidé pour la fin des relations entre les acteurs de la solidarité et les seules fondations d’entreprise, qui sont trop marginales. Les acteurs comme le WWF sont là pour apporter « l’intégrité environnementale » à leurs partenaires, et déterminer ensemble un cap, et une stratégie commune fondée non plus sur des objectifs absolus (je veux réduire de 10% mon impact sur la déforestation), mais in fine (je veux arriver au « zéro déforestation » sur toute ma chaîne de valeur). Pour les grandes entreprises, critiquées et suscitant la méfiance en particulier des jeunes — comme l’a reconnu Isabelle Kocher, à la tête du groupe Engie depuis deux ans, c’est aussi une manière de se réinventer en faisant preuve de cohérence (c‘est-à-dire : ne pas financer marginalement des projets de développement durable alors que le cœur de son activité engendre une pollution monumentale), pour gagner en crédibilité et s’imposer comme des partenaires essentiels et volontaires. D’ailleurs, ces alliances entre les différents acteurs sont de plus en plus plébiscitées par les citoyens et les associations, mais aussi par les mairies et les entreprises (voir infographie). De l’avis même des représentants de grands groupes présents au forum, la mobilisation ne peut plus être marginale : elle doit être intégrée à l’intérieur de l’entreprise, qui ne peut plus non plus évaluer sa performance uniquement en indicateurs financiers.

En France, 69% des citoyens, 86% des associations, 81% des entreprises et 87% des maires sont favorables à cette dynamique de partenariats multi-acteurs

Cette démarche nouvelle doit aussi être encouragée par l’Etat et les décideurs publics : Hugo Bevort, du Commissariat général à l’égalité des territoires, disait en ce sens que l’Etat doit accepter le fait qu’il n’est pas au sommet de la pyramide et seul garant du bien commun et de l’avenir. Une « banque de l’innovation sociale » verra d’ailleurs bientôt le jour : il s’agira d’une plateforme présentant les différentes innovations qui existent au niveau local, pour permettre leur reproduction dans d’autres territoires et leur changement d’échelle.

De l’avis de tous, finalement, les solutions innovantes qui dessinent le monde de demain existent et il ne s’agit pas de refaire mille fois ce qui a déjà été fait. Pour réaliser les Objectifs du Développement Durable, il faut partir de ces solutions, tester leur efficacité sur le terrain, et s’allier pour les répliquer à grande échelle, jusqu’à, on l’espère, en faire les nouvelles normes. C’était en tout cas le pari de Convergences pour ces deux jours.

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